ENTOMOLOGIE FORENSIQUE

EN SUISSE

 

Claude Wyss & Daniel Cherix

 

La méthode entomologique

pratiquée en Suisse

Dès la mort, et au fur et à mesure qu'interviennent les altérations cadavériques, les différentes espèces d'insectes nécrophages sont attirées par le substrat, pondent des oeufs ou des larves pour les uns et se nourrissent des oeufs ou des larves pour les autres.

Elles peuvent être classées en 4 catégories :

Nécrophages

Nécrophiles (prédateurs se nourrissant des nécrophages ou parasites des nécrophages)

Omnivores (se nourrissant en particulier de tissus, poils...)

Opportunistes (utilisant le cadavre comme refuge)

La composition spécifique de chaque groupe et son temps de présence peuvent varier suivant les facteurs qu'influencent la faune entomologique locale et les processus d'altération du cadavre (ville, campagne, dans une habitation ou à l'extérieur, saison, données climatiques et météorologiques, volume des cadavres, conditions dans lesquelles se trouvent le corps : air libre, inhumé, immergé).

L'activité des insectes, la durée de leur cycle évolutif (ponte, incubation des oeufs, croissance des larves, nymphose ou pupaison, émergence des adultes) doivent être connues et sont spécialement influencées par les conditions climatiques.

L'entomologie forensique consiste en l'étude des liens entre la présence d'insectes et l'état de décomposition d'un cadavre humain. Cette science trouve des applications importantes en matière d'enquête judiciaire, l'aspect essentiel étant la détermination du temps écoulé depuis le décès, ou intervalle post-mortem (IPM).

Dès que la rigidité cadavérique d'un corps humain disparaît et que la température interne est alignée à celle du lieu, les constatations thanatologiques et l'état de son altération ne permettent plus de fixer avec certitude l'intervalle post-mortem: la variabilité de la décomposition est la règle. Les facteurs déterminants sont notamment les températures et l'accessibilité des insectes aux cadavres qui influencent favorablement la marche et la vitesse de la décomposition. Comme les insectes réagissent directement et même spécifiquement aux conditions climatiques, surtout les températures ambiantes, ils deviennent des indicateurs potentiels dans l'estimation de l'intervalle post-mortem.

Les insectes que l'on trouve dans l'environnement des cadavres forment une catégorie spéciale. Ils ont des organes chimio-récepteurs extrêmement développés et sont aptes à détecter des cadavres à des dizaines de mètres de distance.

L'entomologie forensique pratiquée en Suisse est fondée essentiellement sur le développement du premier cycle des premiers Diptères nécrophages qui colonisent le cadavre.

 

Actuellement la grande majorité des entomologistes forensiques se fondent sur la méthode créée par Pierre Mégnin à la fin du 19ème siècle pour calculer l’intervalle post-mortem. Cette méthode se base sur une succession établie et invariable de 8 escouades d’insectes nécrophages sur le substrat.

Six expérimentations ont été menées dans notre région sur des cadavres de porcs dans des milieux « ouverts » et « fermés ». Je n’ai jamais retrouvé cette succession d’insectes. Au contraire, ceux-ci arrivent de façon très imprécise et beaucoup plus rapidement que ne l’a décrit P. Megnin. Seules les mouches de la famille des Calliphoridae et Sarcophagidae viennent pondre dans les heures qui suivent le décès, pour autant que le cadavre soit accessible et que les conditions météorologiques soient favorables. La méthode que j’utilise, soit un cumul jours-température se basant sur le cycle de développement de Diptères nécrophages me permet des résultats précis, bien que plus modestes (de 1 à 59 jours au maximum après la mort), confirmés par l’expérimentation.

 



Cynomya mortuorum



Cynomya mortuorum


 

Fannia canicularis

 

 

 

 

Hydrotaea ignava